mercredi 3 janvier 2018

Les sculptures de la Justice de paix de Binche

LES SCULPTURES DE LA JUSTICE DE PAIX
                                                                                                                                                        Alain GRAUX

La justice de paix est un édifice élevé en 1902 de style néo-gothique inspiré des formules brabançonnes sur les plans de l’architecte Paul Saintenoy[1]-[2].
Au centre de la façade une statue de la Justice, en bronze doré, égaie la sévérité de l’ensemble.

Un bas-relief est placé au dessus de la porte d’entrée, il représente les armes de la ville de Binche.
Ces deux pièces sont dues au sculpteur Louis Mascré.

Auparavant, un bas-relief en pierre avait été commandé au sculpteur Poncet de Bruxelles, mais le travail est jugé insignifiant, on demanda alors à Louis Mascré d’en faire un autre en bronze, comme nous l’indique une lettre non datée adressée du sculpteur au bourgmestre Eugène Derbaix : « …ainsi pour la justice de paie (sic), je ferai le bas-relief en bronze placé et terminé, en remplacement du bas-relief en pierre, Mr Poncet réclame les fonds de la Ville de Binche, je vous préviens qu’il vous fera des ennuis et que certainement il vous réclamera des dommages et intérêts…la fonte reviendra à 650,50 Fr., pour abattre la pierre existante,  et 380 FR., à 50 Fr., pour le placement du bronze, 50 Fr., pour faux frais et 380 Fr., à Mr Poncet 1180 Fr...».
C’est le Ministère des Beaux-Arts qui confia les sculptures de la façade à l’artiste Louis Mascré. Une lettre du représentant  du ministre E. Verlan dit : « …le sculpteur auquel je me suis adressé, M. Mascré, qui a dutalent et qui est consciencieux et digne d’intérêt m’a parlé d’une somme de 8.000 Fr., pour une statue de la Justice, en bronze doré, et un bas-relief qui représenterait deux figures soutenant un écusson. Après renseignements pris et comparaisons, je lui écris que je crois qu’on ne pourrait dépenser plus de 6.500 Fr… » [3].
Le sculpteur accepta le travail pour cette somme[4]. Le Ministère accorda à cette fin un subside des 2/3 de la somme demandée, soit 4.393 Fr., le reste étant à la charge de la Ville de Binche[5]. Celle-ci trouva la somme excessive pour déposer le bas-relief dû à Poncet, c’est un tailleur de pierre, Georges Vandevoorde, qui exécuta le travail.
Le 8 décembre 1902, Louis Mascré  présenta ses modèles aux délégués du Ministère des Beaux-Arts dans son atelier se trouvant au n° 7, rue de Manchester à Molenbeek-Saint-Jean. Diverses observations furent faites au sujet de la statue et l’artiste s’engagea à apporter les modifications nécessaires. Il fournit alors un autre modèle qui fut accepté.
Il put ainsi livrer son travail à la fonte dès le 17 janvier 1903[6].
La Ville de Binche tardant à payer le sculpteur, l’huissier de justice Venmaeckers, de Bruxelles, se présenta chez lui à la requête du fondeur, M.Verhelpen, d’Anderlecht. Il se plaint amèrement et plusieurs fois de cet état de choses[7]
La statue de la Justice fut retouchée vers le mois de juillet 1903 par le ciseleur E. Rigollot de Cureghem[8].

Parlons un peu de Louis Mascré :

Né le 21 juin 1871 à Bruxelles, Louis Mascré est un sculpteur éclectique de l’école belge de sculpture Il reçut le prix Godecharles en 1897, le grand prix de l’académie de Bruxelles en 1898. Il fut second prix de Rome en 1903[9].
Il fut l’élève des grands sculpteurs belges de son temps : Paul de Vigne, Jef Lambeaux et Théodore Vinçotte.
On lui connaît entre autres : le buste en marbre de la princesse Astrid, le buste d’Edmond Picart, le buste de Sir Georges Graham. Le musée des Beaux-Arts d’Anvers possède un bronze dit « le baiser ».
Il exécuta plusieurs statues pour l’église Notre-Dame du Sablon, ainsi qu’à l’hôtel de ville de Bruxelles. Il grava les médaillons « de Fierens » et « Gevaert » à Bruxelles.

Louis Mascret décéda en cette ville le 15 octobre 1929





[1] E. DERBAIX, Les monuments de la ville de Binche, Binche, 1928, p. 37.
[2] Saintenoy Paul, architecte, enseignant, historien de l'architecture et écrivain belge. Né le 19 juin 1862 à Ixelles y décédé  le 18 juillet 1952.
[3] A.V.B. 01-10-04-12.
[4] Lettre n°30.189 du Ministère de l’Agriculture, Direction des Beaux-Arts, datée du 10-5-1901
[5] Lettre d’E. Verlan au bourgmestre de Binche, du 3-4-1901.
[6] Lettre de L. Mascré envoyée de son nouvel atelier situé au n° 95, rue d’Allemagne à Cureghem.
[7] A.V.B. 01-10-04-43. Quatre lettres datées de juin 1903, adressées au bourgmestre Derbaix.
[8] A.V.B. 01-10-04-5. Lettre d’E. Rigollot, ciseleur, 175, rue d’Allemagne à Cureghem
[9] E BENEZIT, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, t. 1, 1976.

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